Publication des collections de l'EFEO
N° d'inventaire : 
EFEO_MENK00007

Titre : 

Critère 8, "une photo qui a pu jouer un rôle décisif dans votre recherche" : L’onction d’huile pour préserver la relique de la tête de Zhang Fei

Prise de vue : 

Katiana Le Mentec
Asie orientale, Chine, Chongqing (municipalité autonome), Yunyang
2006

Description de la représentation : 
Un de mes premiers sujets d’enquête à Yunyang fut le culte de Zhang Fei, héros de la période des Trois Royaumes (220-280), devenu dans le district, au fil de plus d’un millénaire de culte, la divinité locale, considérée comme omnipotente. Ce culte est très particulier car il implique, depuis presque deux siècles, la relique de la tête de Zhang Fei, décapité dans son sommeil par ses généraux. La légende dit que le temple fut construit à l’emplacement où la tête de Zhang Fei fut enterrée en 221 de notre ère. Au 19ème siècle, un moine prétendit avoir retrouvé le crâne du héros et invita les habitants de Yunyang à apporter de l’huile au temple, afin de « préserver la relique de la décomposition » et de renforcer les pouvoirs de la divinité du Pusa Roi Zhang. Plusieurs légendes locales mentionnent cette huile. Le don d’huile de la part des familles nobles de la région a pu permettre aux moines d’offrir aux pauvres cette denrée, chère à l’époque et fortement taxée. Dans les années 1980, le bureau local de la culture a fait sculpter une tête en bois qui baigne dans une jarre d’huile. De nombreux habitants pensent qu’il s’agit de la vraie tête. Aujourd’hui encore, ce sont des litres d’huile qui sont apportés par les fidèles au temple lors de l’anniversaire de Zhang Fei (8.28) et lors du nouvel an chinois. Il m’a souvent été difficile d’expliquer aux chercheurs familiers de la Chine la particularité de cette pratique originale dans le pays. En effet, on trouve un culte aux reliques dans le bouddhisme, mais Zhang Fei n’est pas un bodhisattva ni un moine divinisé. Par ailleurs, la relique n’est pas un morceau du corps de Zhang Fei et enfin, l’huile ne sert pas à alimenter les lampes à huile comme c’est le cas dans d’autres temples de la religion populaire. Les photos me permettaient de montrer, lors de présentation de mon travail, l’ampleur du culte, la tête en bois et l’usage de l’huile.