Publication des collections de l'EFEO
N° d'inventaire : 
EFEO_ROTR00492

Titre : 

Vue générale du temple

Prise de vue : 

Robert des Rotours
Asie orientale, Chine, Mongolie-Intérieure (région autonome), Baotou (municipalité), Wudang zhao

Description de la représentation : 
Vue d'un ensemble de bâtiments monastiques dans un paysage montagneux.

Observations / Commentaires : 
Inscription au crayon à droite de la photographie "五大召 Wudazhao".
"Il s’agit d’un des plus grands monastères de Mongolie-Intérieure (Chine), le Badγar coiling süme (< tib. Pad-dkar chos gling, « monastère du lotus blanc »), encore appelé Udan juu (mong. < uda(n), « saule », du nom de la vallée, plantée de saules)/chinois Wudang zhao五當召, ou encore Jibqulangtu juu (« monastère majestueux »). « Wudazhao » est une transcription erronée de Wudangzhao. Son titre officiel dans l’administration Qing était Aγui yeke onul-tu süme, ch. Guangjue si 廣覺寺). Il se situe dans le district de Guyang 固陽縣, municipalité de Boγotu/Baotou, à 54 kilomètres environ au nord-est du quartier Donghe 東河區 (Baotou est). Il est relativement isolé dans les monts Qaraγuna/ch. Daqing shan 大清山, à 2 071 m d’altitude.
C’est aujourd’hui le monastère le mieux conservé de Mongolie-Intérieure. Il fut fondé à la fin du règne de l’empereur Kangxi (1662-1723) par Lubsang danbi jialsan (tib. Blo-bzang bstan-pa’i rgyal-mtshan), disciple du IIe Γanjurwa mergen nom-un qan qui reçut le titre de Doyingqor bandida (< tib. dus-’khor, Kālacakra ; sanskrit paṇḑita). La construction des grands temples dura de 1727 à 1749 ou 1751.
Cette gigantesque ville monastique abritait la faculté de doctrine la plus renommée de Mongolie-Intérieure, ainsi que des collèges de Kālacakra, de Lam-rim et d’ésotérisme. En plus de la réincarnation du Doyingqor bandida, deux autres grands lamas réincarnés, le Jangjia/lCang-skya qutuγtu et le Γanjurwa mergen nom-un qan, y avaient une résidence. Les propriétés autour du monastère s’étendaient sur 75 kilomètres d’est en ouest et 40 kilomètres du nord au sud dans une enclave des bannières du duc de l’est des Urad, des Maγu Mingan et des Tümed.
Le Badγar coiling süme proposait un cursus d’études académiques de haut niveau et était réputé pour sa discipline stricte, ce qui attirait des moines de toute la Mongolie. Il rassemblait de 1 200 à 2 000 moines au XIXe siècle, dont 500 ou 600 résidaient en permanence, et plusieurs milliers de pèlerins le visitaient en été.
La photographie est prise depuis l’ouest ; à gauche, le bâtiment coloré est sans doute le sanctuaire arrière du Doyingqor duγang (faculté de Kālacakra) (aujourd’hui il est peint en jaune). L’architecture imite le style tibétain en moins massif : les bâtiments ont des murs à fruit, un toit en terrasse, et sont blanchis à la chaux. Les fenêtres sont encadrées de noir, ce qui leur donne une forme trapézoïdale. Les résidences monastiques à étage et les bâtiments administratifs ne portent pas de décoration, mais les bâtiments ornés de bandeaux de couronnement, d’épis de faîtage et comprenant un porche sont soit des temples ou salles d’assemblée, soit des résidences de lamas réincarnés. Dans cette partie du monastère se situe les résidences des trois lamas réincarnés (Γanjurwa, Doyingqor et lCaang-skya/Jangjia qutuγtu) ainsi que le temple abritant les stūpa funéraires de réincarnations précédentes.
Références : Nagao Gajin 長尾雅人, Môko gakumon ji 蒙古學問寺 [Monastères académiques en Mongolie], Kyôto : Chûkô bunko, 1991 [1947] ; Charleux Isabelle, Temples et monastères de Mongolie-Intérieure, Paris : Comité des Travaux Historiques et Scientifiques & Institut National d’Histoire de l’Art, 2006, CD-rom n°63." Isabelle Charleux

Autre(s) numéro(s) : 
N°1.25516_12