LeTibet révolté : le second voyage au Khams (1909-1910)
LeTibet révolté : le second voyage au Khams (1909-1910)
Lors de la préparation du second voyage, Jacques Bacot espère un accès par la Chine ou par l’Inde. En conséquence de l’expédition britannique (1904) et de la mise en place du Tibet Frontier Cadre, ces voies s’avèrent impossibles. C’est donc à nouveau par la Birmanie et l’Indochine (Vietnam) qu’en janvier 1909 les deux voyageurs repartent pour le Tibet. Adrup suit en solitaire l’itinéraire de 1907 depuis Bhamo afin d’effectuer une reconnaissance au Poyul. Les deux voyageurs se sont donné rendez-vous en mai à Tatsienlou (Dar rtse mdo, chin. : Kangding), ville que Bacot découvre avec émerveillement, après avoir visité Angkor et Saigon et retrouvé la route de Yunnansen. Ce second voyage se déroule d’abord à travers les villes tibétaines importantes du Sichuan nord-occidental : Gata (Mgar thar) et Tchangou (Brag mgo) sont des étapes majeures du périple ; face aux « lamas rebelles » de Kandze (Kardzé, Dkar mdzes), Bacot doit renoncer à continuer vers le Nord en direction de Degué (Sde dge) et se rend au Sud, en direction de Conkaling (Gangs dkar gling) via Lithang (Li thang). Se distinguant du premier voyage par la fréquentation de hauts lieux du bouddhisme du Khams, ce second voyage aiguise l’attention du voyageur à l’habitat et à l’architecture tibétains autant qu’il lui offre de rencontres vibrantes avec la vie religieuse et ses représentants.
Alors qu’en septembre ils traversent le Nyakrong (Nyag rong) du Nord au Sud, les voyageurs rencontrent des villages abandonnés et croisent des bardes leur racontant l’exode des Tibétains vers une « vallée cachée » (sbas yul), découverte peu de temps auparavant au-delà du Poyul, appelée « Népémakö » (Gnas Padma bkod). La recherche de Pémakö, cette terre mystérieuse, plus intrigante que Lhassa, devient pour Bacot lui-même la nouvelle raison d’être du voyage, son « horizon infini », ainsi que la clef de voûte du récit qu’il publiera en 1912 dans Le Tibet révolté, vers Népémakö, la terre promise des Tibétains.
Mais la déception signe encore une fois la fin de l’exploration : suivre ce but incertain en dépit des obstacles naturels et humains qui lui barrent la route, au mépris des interdictions provenant des Chinois et des Tibétains mettrait non seulement la vie du voyageur français en danger mais surtout celle de ses compagnons. Après avoir séjourné trois mois à Patong, le village d’Adrup, Bacot rejoint Yunnansen en mars 1910 où il fait ses adieux à son compagnon d’aventures.
Au moment où il couchait sur le papier le récit au jour le jour de son second voyage, il note de façon prémonitoire : « Qu’importe si je vais à une déception, pourvu que l’illusion qui y mène soit belle ». Le Tibet réel est aussi un Tibet rêvé dont Bacot précisera les contours tout au long de sa carrière de tibétologue.
Lors de la préparation du second voyage, Jacques Bacot espère un accès par la Chine ou par l’Inde. En conséquence de l’expédition britannique (1904) et de la mise en place du Tibet Frontier Cadre, ces voies s’avèrent impossibles. C’est donc à nouveau par la Birmanie et l’Indochine (Vietnam) qu’en janvier 1909 les deux voyageurs repartent pour le Tibet. Adrup suit en solitaire l’itinéraire de 1907 depuis Bhamo afin d’effectuer une reconnaissance au Poyul. Les deux voyageurs se sont donné rendez-vous en mai à Tatsienlou (Dar rtse mdo, chin. : Kangding), ville que Bacot découvre avec émerveillement, après avoir visité Angkor et Saigon et retrouvé la route de Yunnansen. Ce second voyage se déroule d’abord à travers les villes tibétaines importantes du Sichuan nord-occidental : Gata (Mgar thar) et Tchangou (Brag mgo) sont des étapes majeures du périple ; face aux « lamas rebelles » de Kandze (Kardzé, Dkar mdzes), Bacot doit renoncer à continuer vers le Nord en direction de Degué (Sde dge) et se rend au Sud, en direction de Conkaling (Gangs dkar gling) via Lithang (Li thang). Se distinguant du premier voyage par la fréquentation de hauts lieux du bouddhisme du Khams, ce second voyage aiguise l’attention du voyageur à l’habitat et à l’architecture tibétains autant qu’il lui offre de rencontres vibrantes avec la vie religieuse et ses représentants.
Alors qu’en septembre ils traversent le Nyakrong (Nyag rong) du Nord au Sud, les voyageurs rencontrent des villages abandonnés et croisent des bardes leur racontant l’exode des Tibétains vers une « vallée cachée » (sbas yul), découverte peu de temps auparavant au-delà du Poyul, appelée « Népémakö » (Gnas Padma bkod). La recherche de Pémakö, cette terre mystérieuse, plus intrigante que Lhassa, devient pour Bacot lui-même la nouvelle raison d’être du voyage, son « horizon infini », ainsi que la clef de voûte du récit qu’il publiera en 1912 dans Le Tibet révolté, vers Népémakö, la terre promise des Tibétains.
Mais la déception signe encore une fois la fin de l’exploration : suivre ce but incertain en dépit des obstacles naturels et humains qui lui barrent la route, au mépris des interdictions provenant des Chinois et des Tibétains mettrait non seulement la vie du voyageur français en danger mais surtout celle de ses compagnons. Après avoir séjourné trois mois à Patong, le village d’Adrup, Bacot rejoint Yunnansen en mars 1910 où il fait ses adieux à son compagnon d’aventures.
Au moment où il couchait sur le papier le récit au jour le jour de son second voyage, il note de façon prémonitoire : « Qu’importe si je vais à une déception, pourvu que l’illusion qui y mène soit belle ». Le Tibet réel est aussi un Tibet rêvé dont Bacot précisera les contours tout au long de sa carrière de tibétologue.