Le fonds photographique sur la thaïlandais de l’École française d’Extrême-Orient n’est pas celui dont le volume est le plus important, notamment si on le compare à celui du Vietnam ou du Cambodge. En effet, au niveau institutionnel, l’EFEO n’a eu qu’une présence limitée au Siam (devenu en 1939 la Thaïlande) et n’a donc pas bénéficié au même titre du regard expert des chargés de mission, professeurs, érudits, chercheurs ou photographes professionnels qui s’installèrent nombreux, et tôt, dans l’Indochine française. Cela dit, George Cœdès -directeur et membre de l’EFEO de 1911 à 1947- et quelques autres grands savants français ont été des voyageurs avertis ou des résidents connus et appréciés de ce royaume (George Cœdès fut directeur de la bibliothèque Vajirañana – la première bibliothèque nationale – et président de la Siam Society avant de devenir directeur de l’EFEO). Ces experts travaillèrent avec des institutions siamoises, laissant un grand nombre de documents aux archives du royaume. Quoique modeste, la collection de l’EFEO est précieuse car le Siam n’a sauvegardé que peu de documents ayant pu résister aux atteintes du climat tropical (la conservation préventive n’est apparue dans les bibliothèques de Thaïlande que vers les années 1980 avec la généralisation de la climatisation et l’apparition des déshumidificateurs). Un bon nombre des plus belles photos siamoises du début du xxème siècle ne sont connues que par des copies. À quelques exceptions près, ce regard est celui de savants occidentaux et de leurs assistants et photographes. Ces clichés doivent être perçus comme des documents de travail, des outils scientifiques au service des arts, de l’anthropologie ou de l’histoire. Lorsque les images débordent de ce cadre un peu ingrat, esthétiquement parlant, c’est pour insister sur un ensemble hors-champ, nous dirions aujourd’hui un contexte ou un environnement indispensable à la compréhension des détails isolés par l’objectif. François Lagirarde, Mémoires de Thaïlande (EFEO / Magellan, 2013)