Le premier Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, paru en 1901, comprend deux articles sur le Laos déjà illustrés de photographies, « Vieng-Chan » (par le capitaine Lunet de Lajonquière) et « Notes ethnographiques sur diverses tribus du Sud-Est de l’Indo-Chine » (M. A. Lavallée). Ce fonds iconographique se développe progressivement grâce aux nombreuses images produites par les membres scientifiques de l’École au cours de leurs missions sur le terrain. Henri Parmentier est le premier à avoir constitué un fonds propre au Laos, à l’occasion des recherches qu’il a menées en 1911 et en 1927 sur les édifices religieux lao et phuan des bords du Mékong entre Khong et Luang Prabang, et sur le plateau de Xieng Khuang. Ses clichés sont ceux d’un architecte d’abord préoccupé de relevés techniques et d’analyses formelles, parmi lesquels se trouvent quelques portraits et paysages. Recruté à l’EFEO en 1919 comme inspecteur du service archéologique, Charles Batteur se voit notamment confier la restauration du Vat Sisaket, à Vientiane, en 1922-1923. Ses clichés nous livrent un témoignage unique sur la douceur et la simplicité de la vie à Luang Prabang au début du XXème siècle. Suivent les recherches de Charles Robequain, Suzanne Karpelès, Madeleine Colani et Paul Lévy, ou les restaurations de Louis Fombertaux. Les documentations photographiques conservées portent alors essentiellement sur du matériel préhistorique ou des détails techniques de bâti. Un Centre de recherche de l’EFEO est créé à Vientiane en 1950. Henri Deydier est le premier membre à être officiellement installé dans le pays. Sa disparition prématurée, à l’âge de 32 ans, ne lui a pas permis de réaliser l’ambitieux programme de recherche qu’il s’était fixé, mais il a tout de même eu le temps de réunir d’intéressantes données sur quelques populations des provinces septentrionales. Un petit nombre de photographies prises en 1953 et 1954 viennent appuyer ses notes de terrain. Certains de ses travaux sont ensuite repris par Pierre-Bernard Lafont qui lui succède en 1956 comme représentant de l’EFEO dans le nouveau royaume indépendant du Laos. Du point de vue de l’iconographie, c’est sans doute Charles Archaimbault, recruté par l’EFEO en 1951 qui laisse à l’institution la documentation la plus importante. Elle illustre directement les descriptions très précises que l’ethnologue fait des différents rituels qu’il a étudiés à Luang Prabang, Xieng Khuang, Vientiane et Champassak. Il est parfois épaulé dans sa tâche par deux professionnels de la photographie : Raoul Coutard, notamment pour une étude sur la cérémonie du nouvel an à Champassak, et Jean Manikus, chef du service photographique de l’EFEO, en particulier pour les rites entourant la fête des pirogues. Jean Manikus couvrira également ses propres missions dans des endroits reculés du pays. D’après Michel Lorrillard, Mémoires du Laos (EFEO / Magellan), 2015.