Publication des collections de l'EFEO
Oeuvres 1 à 3 sur 3 correspondant à Critère 12 : une photo - limite ; que vous regrettez d'avoir prise. engrenage avec un crayon (icone)
   TitreDescription de la représentationQuandQuiN° d'inventaire 

Critère 12, "une photo - limite ; que vous regrettez d'avoir prise" : Rendre le culte aux morts

J'ai eu beaucoup de gêne à prendre cette photo, même si Shun, le jeune homme qui s’y trouve m’avait enjoint à prendre des photos si je le souhaitais. Je venais de rencontrer Shun et il m’avait proposé de m’accompagner dans la vieille ville de Beichuan, entièrement ensevelie par le tremblement de terre de 2008. Accompagné de son fils, Shun souhaitait profiter de cette visite pour rendre le culte à son père mort pendant la catastrophe. Shun m’avait raconté comment l’événement s’était déroulé et sa vaine tentative de rejoindre et sauver son père lorsque l’immeuble où se trouvait ce dernier s’était effondré. Il n’avait pas pu retrouver le corps de son père, ensevelis sous des tonnes de matériaux de construction. La ville fut transformée en site historique et des autels permettant de rendre le culte furent installés à divers endroits de la ville. L’un d’eux fut installé devant le lieu où son père a perdu la vie, c’est donc ici qu’il lui rend un culte. Emue par cette histoire je me suis éloignée pour les laisser en paix faire leur rituel. Je trouvais cela déplacé de prendre une photo de cette action. En même temps, travaillant dorénavant sur les effets du séisme, illustrer ce moment me semblait être important. Les touristes visitant le site ne se privèrent pas, eux, de le prendre en photo, l’un d’eux vint même lui demander si il avait des proches décédés ici. Mon éducation française me faisait ressentir une gêne à l’égard de ce comportement qui me semblait déplacé. Shun ne semblait gêné.

05/10/2015
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Critère 12, "une photo - limite ; que vous regrettez d'avoir prise"

Un ouvrier qui prend sa sieste dans la rue, un après-midi de mai. Quand je revois cette image, cela me gêne un peu de m’être introduite, sans permission, dans un moment tranquille et à mon sens très personnel ; puis je me rappelle que ce monsieur n’a visiblement de volonté de préserver ce moment pour lui-même … Ou bien, avait-t-il cette volonté, mais ses conditions et son éducation ne lui ont jamais permis de respecter un besoin d’espace privé, qui semblent pourtant tellement basique aux yeux de certaines sociétés, cultures ou classes sociales ?

2006
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Critère 12, "une photo - limite ; que vous regrettez d'avoir prise" : Cimetière Ansi Lingyuan

Cette photo représente une salle dans laquelle sont entreposées, en principe provisoirement, les urnes cinéraires, le temps que les proches du défunt aient les moyens d'acquérir une tombe ou une niche dans un columbarium. Le cimetière Ansi Lingyuan, district de Baoshan, est un des cimetières meilleur marché de la municipalité de Shanghai. Les photos que j'y ai prises me mettent très mal à l'aise au point de me donner la nausée... Ce cimetière situé dans un district industriel est traversé par des lignes haute tension et est recouvert d'une couche de poussière que l'on devine sur la photo ci-dessus. L’atmosphère qui s’en dégage est d’une extrême tristesse. Quand je suis tombée sur cette salle très peu entretenue, j’ai éprouvé un certain embarras pour lesdéfunts et leurs familles. Etant en train de réaliser une étude de terrain, j’ai malgré tout pris des photos, je ne regrette pas de l’avoir fait car elles sont utiles à mon travail, mais j’ai éprouvé une vraie gêne vis-à-vis des morts et de leurs proches mais aussi de l’employé du cimetière, très sympathique, qui m’accompagnait avec patience. J’ai eu la sensation d’être dans une démarche voyeuriste et de « faire perdre la face » à ces familles. Selon les conceptions chinoises de la mort, il est certain que les proches des défunts se trouvant dans cette salle souhaiteraient pouvoir leur offrir autre chose. Les cimetières, de la même façon que les quartiers de Shanghai, sont très marqués socialement. Cette photo remue sans doute aussi mon propre rapport à la mort.

Juin, 2009
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